dimanche 6 septembre 2015

XL de Gerardmer : encore une leçon !

Après une participation très marquante pour moi en 2013 sur ce triathlon XL de Gerardmer, du fait de la difficulté que j'avais éprouvée en course à pied, j'avais envie de remettre cela cette année. Avec deux années d'expérience en plus, j'espérais terminer cette course dans de meilleures conditions et améliorer mon chrono. Cette course, avec ces 1,9km  de natation, 93km de vélo (pour 1800m de D+) et 21km de course à pied, est sans doute une des plus belles en France, une des plus plébiscitées (difficile d’obtenir sa place quand on s'y prend trop tard... 3 mois avant, c'est déjà trop tard !), mais aussi une des plus dures.
Mais le public, l'ambiance, l'organisation, les paysages des Vosges, tout est là pour donner envie de se surpasser et terminer. C'est pour cela que malgré la difficulté que tout le monde éprouve, on est suffisamment fou pour vouloir remettre ça.

Pour moi, il ne s'agissait pas d'un objectif prioritaire cette saison, l'objectif étant plutôt fin Septembre avec les mondiaux de cross-triathlon. Mais c'était tout de même une étape à ne pas rater.

La motivation commençant à décroître tout doucement cette saison, il commence à devenir plus difficile de m’entraîner seule. L'impression de tourner en rond, malgré une bonne forme. Je fais mes plans d'entraînements parce que cela me plaît d'apprendre par moi-même comment progresser, et parce que je me connais bien. Et aussi parce que j'ai aussi eu de très bons coachs, en cyclisme et en triathlon, qui m'ont appris beaucoup lorsqu'ils se sont occupés de moi.
Malgré tout, je pense qu'à certains moments, on ne peut plus progresser seul, et que si on a la chance d'avoir l'opportunité de rencontrer quelqu'un de compétent, aussi bien sur l'entraînement que sur le mental et le côté humain - car il faut savoir transmettre...et suivant les caractères ou les motivations de l'athlète, il faut être plus ou moins dur ou conciliant - il faut savoir saisir l'occasion.
L'opportunité de retravailler avec André Quet, notre précédent coach dans mon club de triathlon de Belfort, s'est présentée cet été. Nous nous connaissons bien sur le plan de l'entraînement, j'ai pu bénéficier de nombreux conseils du temps où il était dans notre club, ce qui m'avait permis de conclure par le titre de championne de France de cross-triathlon l'an passé, notamment. Il est donc plus facile de reprendre l'entraînement à distance, avec au cas par cas, l'utilisation de la vidéo pour travailler des points techniques, comme en natation.
Cela me redonne donc une bonne motivation pour cette fin de saison. L'entraînement diffère un peu dans ce que j'ai l'habitude de faire, mais avec la même philosophie que j'applique (qualité, travail technique, orientation suivant type de fatigue). Cela me correspond donc parfaitement. Et en natation, je sens les progrès, mes défauts techniques ayant été bien ciblés et immédiatement bien corrigés.

La motivation à l'entraînement redonne aussi confiance pour aborder les courses. J'ai fait un premier test sur le triathlon de Vesoul la semaine précédent le XL de Gerardmer, une course d’entraînement : il ne fallait s'économiser à vélo, faire une bonne natation, avec bonne tactique, gestion et orientation, et une course à pied fractionnée. Le test était plutôt bon, mes sensations étant bien meilleures en natation et la place correcte, ma course à pied étant vraiment bonne malgré le fait de l'avoir fractionnée.

Motivée pour Gerardmer, je sais que le forme devrait être bonne, et que tout tiendra à ma bonne gestion de la course. Je me concentre donc là-dessus, prenant en compte le fait qu'il fera froid, à savoir 20-25° de moins que la semaine précédente. Je prépare mes affaires sérieusement, avec vérification de David : un sans-faute :)
Au départ de la natation, nous voilà 1600 au départ. Cela fait du monde sur la plage. Je vois les bonnets jaunes (pro), comme moi, se rassembler à l'avant dans l'eau, personne ne les replace : il faut y aller et partir avec eux devant, pas de complexe. Cela me permettra de partir dans les bons pieds et ne pas être gênée au départ. Je la joue tactique en essayant de profiter un maximum de la vague d'autres concurrents, tout en vérifiant l'orientation. Pour moi, cela paraît correcte, pas le cas de tous les concurrents vraiment éparpillés...il est grand ce lac ! Comme d'habitude, je me sens mieux sur la fin, sans doute parce que mon échauffement n'est pas assez important. Pas grave, je remonte tout doucement et me sens bien.

A la sortie de l'eau, la tête tourne, plus que d'habitude. J'arrive à la zone de transition un peu groggy, David me parle (euh, crie !) et me dit que je suis 7ème pro, voit que je suis à l'ouest et me dit de me dépêcher, qu'il ne fait pas froid et qu'il ne faut pas trop que je m'habille. Je ne sais pas trop quoi faire mais je lui fait confiance et me dépêche : un maillot, pas de chaussette, pas de manchette...d'autant que le froid n'est jamais un souci pour moi.
Je suis aussi perturbée de voir Alexandra Louison (qui a gagné cette course il y a 2 ans) sortir derrière moi en natation. Même si elle n'est sans doute pas au top, jamais je ne sors devant une pro en natation ! Ça annonce une belle journée...

Au départ du vélo, je sens que mes jambes sont un peu bizarres et picottent un peu, puis brûlent...Ah oui, David m'a tartiné les jambes de crème chauffante contre le froid. Ah ben je n'ai pas froid du tout, là !
Le cardio est bien, je fais fi de ces sensations bizarres et avancent. Je me retrouve avec la première fille en amateur, 7ème pro, et ça roule bien. Malgré le monde autour de nous, nous faisons l'effort de ne pas drafter. Enfin, certaines, plus ou moins... La montée règle ça, et c'est tant mieux.
Premier tour OK, mais je sens que ça n'est pas au top, et il reste deux tours. La montée du Poli, à la sortie de Gerardmer, est mythique : du monde, du bruit, les gens qui s'écartent à notre passage...un air de tour de France. En haut de cette bosse, un autre concurrent me dira "Waouh, c'était quelque chose cette montée !". Eh oui, Gerardmer, c'est aussi ça !

En roulant le long des lacs de Longemer et de Retournemer, les jambes commencent à se durcir un peu et décidément, le plat n'est pas mon truc. Là, un groupe, que dis-je, un "bus" me double, avec une concurrente que je connais, qui me regarde au passage. Le drafting étant interdit, mais toujours toléré visiblement par les commissaires sur cette course, cela m'agace. D'autant que je m'efforce à respecter les règles malgré ce laxisme. Pas grave, la montée suivante, je reviens sur elle petit à petit. Là, j'hésite : si je dis quelque chose, je risque d'être vraiment désagréable. Alors, le silence sera d'or, et je passe...
Cela ne se réchauffe pas, mes pieds sont toujours gelés, les descentes ne sont pas une partie de plaisir. Et cela devient de plus en plus difficile, de moins en moins de force et le cardio qui baisse toujours. Portant, je m'alimente bien depuis le début, je tourne bien les jambes, je ne comprends donc pas ce qui arrive et ne me souviens pas d'avoir eu une telle défaillance. Les concurrents remontent petit à petit, et je pense qu'il reste encore un tour et 21kms de course à pied.

Au 3ème tour, le mot "abandon" vient petit à petit à l'esprit, je ne vois pas comment je retrouverais la force de pouvoir courir après cela, j'ai déjà tellement du mal à finir ce vélo, mes jambes sont deux poteaux. Alors je pense à pourquoi je suis venue, la chance que j'ai de pouvoir faire cela, à la difficulté d'un abandon, les jours après course...je ne l'ai pas souvent fait, ne me souviens même plus de mon dernier abandon, mais l'amertume des regrets, je m'en souviens. J'encourage les filles que je rattrape, la plupart sourient et disent "merci, bravo !". Je me dis : "tu roules deux fois plus vite et tu penses à abandonner...c'est n'importe quoi !"

Alors arrivée à la zone de transition, je me dis qu'il faut voir comment je me sens en course à pied, essayer et décider. J'enfile mes baskets sans grande conviction, j'en oublie de mettre mes chaussettes (décidément !), et je cherche David. On retrouve la foule au bord du lac, les gens nous encouragent si sympathiquement qu'on se dit que cela va redonner du baume au coeur. J'apperçois enfin David, j'ai pu courir un peu et sentir que bizarrement, c'est comme si je n'avais rien fait avant...c'est vrai que depuis 1h30, je roule "pépère" même si c'était difficile. On discute un peu, je lui explique ma défaillance, que là ça va et repars.

Passage sur le lac en course à pied

Je cours et tout va bien. Les concurrents qui m'avaient doublé en m'encourageant à vélo sont surpris de me voir les doubler, mais tout va bien. Je sais que je n'ai plus suffisamment bu et mangé cette dernière heure, je m'arrête donc aux ravitos et repars. Premier tour, tout est toujours bon.
Si je repars pour un 2ème, ça veut dire que je termine... et je n'ai aucune excuse pour m'arrêter, alors on repart ! Je remonte toujours petit à petit, fait mes petites pauses ravito, ma foulée est bonne, tout est automatique et facile. Cela me redonne le sourire, car ce sont des sensations que je ne connais que depuis cette saison, et que j'ai pour la première fois sur un longue distance. 21kms, cela me paraissait quelque chose d'énorme il y a deux ans, maintenant, c'est comme si je faisais un 10km de l'époque. Je suis vraiment très satisfaite de constater ces progrès.
A l'entame du troisième tour, David m'encourage en me disant que j'ai vraiment un très bon rythme et une bonne foulée. C'est reparti donc, toujours bien, toujours avec des petites pauses ravito coca-eau, pas de mal au ventre, juste quelques douleurs à une hanche et à un mollet sur la fin, qui me rappellent qu'il faut que je fasse attention à ma gestuelle qui peut-être se dégrade. Et bizarrement, aucune ampoule et douleur au pied malgré le fait de ne pas porter de chaussette et de ne pas avoir préparé mes pieds auparavant avec un peu de crème.


La zone d'arrivée : passage des coureurs, écrans géants, live sur internet...tout pour suivre !

Vraiment contente d'être arrivée, d'avoir pu constater qu'en triathlon, il suffit aussi parfois de "changer de paradigme" pour que tout revienne et aille pour le mieux.
Tout cela m'a rappelé aussi tout le travail et le chemin à parcourir pour arriver à exceller sur de telles courses. Malgré ma préparation et mon expérience, je pense qu'il m'en manque encore un peu pour être au top, sinon, je n'aurais pas fait d'erreur au niveau de mon équipement à vélo pour m'assurer contre le froid. Les erreurs restent le meilleur moyen d'apprendre.

Je termine en 5h48, 14ème dame, à peine moins bien qu'il y a deux ans, mais avec une bien meilleure natation (1'30 de mieux), une meilleure course à pied (de meilleures sensations et 5' de mieux malgré les pauses), mais un moins bon vélo (10 minutes de plus).



Bravo à tous les finishers de cette course difficile, en particulier ceux qui n'ont pas toujours les moyens de la préparer comme moi, qui n'ai pas de famille à gérer et qui ai un travail qui me permet d'avoir de bonnes conditions pour m'entraîner, même en travaillant à 100%. Respect, car il faut avoir un sacré mental aussi lorsqu'on ne se sait pas au top pour aller jusqu'au bout.
Merci à tous les bénévoles et l'organisation de ce bel événement, celui qu'il ne faut pas rater (il ne faut déjà pas rater l'inscription !).

Récupération et derniers réglages avant le départ pour la Sardaigne dans 2 semaines et demie, avec les mondiaux de cross-triathlon pour terminer la saison de triathlon. S'en suivra le Roc d'Azur, avec le Roc Marathon et le Roc Dame, pour finir avec du VTT.

Plus de photos à venir...








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