mercredi 10 septembre 2014

Retour à Gérardmer

Je reprends enfin le fil de ce blog, après l'avoir laissé au repos cet été. Trêve pour le blog, trêve pour moi-même, qui était prévue cet été, pour reprendre de plus belle en Septembre.
Elle a eu néanmoins lieu plus tôt que prévu. J'avais en effet prévu de participer au XTerra Italy, que j'ai dû annuler quelques jours avant.
La fatigue se faisait déjà ressentir au XTerra France après un mois de Juin pas des plus évidents, un de nos parents ayant été hospitalisé et les nouvelles n'étant pas toujours réjouissantes.



Le coup de grâce est finalement arrivé fin Juillet, suite à l'agression et l'accident dont j'ai été victime sur mon trajet de retour du travail, sur l'autoroute.Un fait divers hors du commun, qui aurait pu être dramatique pour moi, pour les autres conducteurs autour de nous et pour mon agresseur, qui a sans doute eu le plus peur dans l'histoire...du moins, je l'espère.
Dans de tels moments, on se sent piégé, seul au monde, hors de la réalité. Tout se passe très vite, mais au fond, on a peur que cela ne s'arrête pas, ou mal. Alors lorsque tout s'est terminé, moi indemne, mon agresseur prenant la fuite, j'ai eu comme le sentiment de revenir à la vie. Il y a eu un avant, un après.
Je remercie toutes les personnes qui m'ont accompagnées ensuite, par de petites attentions, par leur présence. Ceux qui sont toujours là, ceux que je n'aurais même pas imaginé prendre un peu de temps pour m'encourager. Cela m'a vraiment permis de reprendre rapidement confiance.
Je remercie toutes les personnes qui m'auront écoutée et soutenue parmi celles qui m'ont secourues. Et tout particulièrement les gendarmes du peloton autoroutier de Bessoncourt, qui grâce à leur travail et leur écoute, leur encouragement à continuer ma vie comme avant, m'ont permis de me sentir libérée d'un poids.

Le sport a été le meilleur remède pour chasser les douleurs, la fatigue, les angoisses et reprendre le cours de ma vie. Lorsque ça n'allait pas, David me disait de prendre mon vélo, et nous partions à l'aventure faire des cols des Vosges. Au fil des kilomètres, les nuages gris au-dessus de ma tête s'estompaient, la satisfaction d'avoir réussi un grand périple ou monter des cols donne des ailes et efface tout.


J'ai eu à tout ré-apprivoiser, y compris ce que j'appréciais faire, nager, rouler, courir...et concourrir. J'ai repris lors du triathlon de Vesoul, en étant bien dans le coup pour une reprise. Cela m'a redonné envie de bien me préparer pour la fin de saison, où j'avais prévu de faire le DO de Gérardmer, ainsi que le championnat de France de triathlon distance M à Nice.

J'attendais Gérardmer avec impatience, car l’événement est un des plus beau triathlon en France, en terme d'organisation, d'ambiance, d'environnement. Le parcours de vélo semblait bien me convenir, avec de belles bosses (900m de D+ environ pour 38km). Et niveau forme, avec la fraîcheur et la bonne préparation des toutes dernières semaines, je me disais que ça devrait aller. L'envie était bien là en tout cas !

Nous sommes arrivé samedi, pour encourager les participants sur le triathlon XL que nous avions fait l'an passé...et qui m'avait vraiment usée ! En voyant tout le monde courir, cela m'a donné envie de le refaire. C'est vraiment un bel accomplissement, et j'ai eu beaucoup d'admiration pour tous les participants que j'ai pu voir, notamment ceux qui étaient vraiment dans le dur. Je pense qu'on peut vraiment être fier de se lancer de tels défis, et tenir jusqu'au bout. Ca sort de l'ordinaire, et c'est forcément encourageant pour se donner d'autres objectifs, même non sportifs, et se donner les moyens d'y arriver.Ce n'est pas se battre contre les autres, c'est se surpasser avant tout.



Question dépassement de soi, je savais pour ma part ce que je devais faire : serrer les dents en course à pied, et ne rien lâcher, mon gros point faible souvent sur les dernières courses.

La natation aura été sans doute une des pires pour moi jusqu'à maintenant. J'aurai subi beaucoup de coups, me serai fait enfermée, me serai mal orientée, et même coulée à un moment ! La première bouée m'a paru vraiment loin, et une fois passée, j'ai dû me reposer quelques instants pour reprendre mes esprits, vraiment épuisée par cette première partie difficile. Petit à petit, j'ai repris le contrôle, en prenant mon orientation, en nageant par moment plus seule, et dans ces conditions tout a été beaucoup mieux. Il me manque encore pas mal de préparation pour cette épreuve je pense. En 24'18, j'ai limité les dégâts, mais c'était loin en dessous de mon objectif de passer sous les 23'. J'ai dû sortir de l'eau 13-14ème dame.

A vélo, la première montée de la Rayée - arrivée du tour de France à Gérardmer cette année - a été corsée...de là à se dire que la course va être vraiment dure ! On m'avait dit que la descente ensuite était très technique et piégeuse, je confirme : sans reconnaître le parcours, j'ai eu deux petites frayeurs ! Ma copine allemande Becci me rattrape alors, on arrive à rester ensemble un petit bout de temps, elle plus rapide que moi en descente, moi un peu mieux en montée.
La deuxième grimpée de la Rayée se fait beaucoup plus facilement pour moi, les encouragements du public maintenant bien amassé à cet endroit aidant fortement. Tout en continuant à bien m'alimenter régulièrement, je donne un peu plus de rythme et gagne du temps en descente. Tout au long du parcours, je n'aurais cessé de remonter, me retrouvant alors 6ème dame, avec la 5ème, à la sortie du parc après avoir posé le vélo.

Photo F. Georgel

C'est une fois le vélo posée que la vraie course reprends pour moi : en mode poursuite, mes concurrentes à ce niveau étant toujours plus forte que moi en course à pied. Les sensations sont bonnes et je prends vite un bon rythme, mais c'est le cerveau qu'il faut que je débranche : comme d'habitude, j'imagine la distance, le fait que je suis poursuivie, et je dois me resaisir : je me concentre sur une musique, sur le credo "c'est le mental qui flanche en premier !", et ça repart. Au bout de 2,5km, demi-tour, j'aperçois mes poursuivantes : très proches, elles sont 3 ! Je me reconcentre, mais après la première descente, j'ai la respiration qui commence à se faire difficile, la gorge de plus en plus serrée. Je sais ce que c'est, je tente de faire abstraction et attend le ravito suivant pour boire et mieux repartir. A ce moment-là, les endorphines commencent à faire effet, et je prends un bon rythme régulier. Seule une fille (que je n'avais pas vu avant) me rattrape. J'aperçois toujours  les premières un kilomètre devant, c'est vraiment magique de se dire qu'elles sont si proches ! Demi-tour pour les derniers 2,5km, toujours dans le top 7, là, il faut serrer les dents et tout donner, sans jamais se retourner. Ça tient et je passe donc la ligne d'arrivée à cette place, vraiment très satisfaite, mais épuisée : 7ème dame, 2ème française.



Je retrouve David, que j'avais vu m'encourager en course à pied après avoir abandonné au début de la course à pied. je pensais que c'était du fait de la fatigue, mais non. Il s'est cassé le petit orteil juste avant la course, en se rendant au départ de la natation (un vilain plot de béton qui tenait les barrières de l'allée): marcher pied nu n'est décidément pas pour lui !
Au moins, je lui aurais donné la satisfaction de tenir jusqu'au bout parmi les 50 premiers concurrents sur cette course (42ème au final), ça console un peu !

Voilà de quoi encore un peu plus tourner la page pour moi après cette pause estivale, et de bien marquer le coup : je ne voulais surtout pas rester "la victime", je ne souhaitais surtout pas que cela change ma vie ou m'affecte durablement. En revenant à mon meilleur niveau, voir même un peu plus forte de toutes ces expériences des derniers mois, je voulais marquer le coup pour moi, mais aussi montrer que cela ne m'avait pas affaiblie.

Prochain objectif : le championnat de France de triathlon à Nice, fin Septembre !
Je terminerais ensuite à les championnats de France VTT XC marathon à Ornans.
Puis ça sera une longue période de travaux et déménagement cet automne ! Un autre beau projet, on a hâte aussi !